Il nous a d’abord proposé une relecture de l’encyclique du Pape François Laudato si, puis nous a partagé son expérience de mise en place du label Église verte à Saint-Gabriel à Paris, une paroisse souvent citée en exemple en matière de conversion écologique.
Charité et écologie sont intimement liées
Alors même que nous aurions parfois tendance à dissocier lutte contre la pauvreté et protection de l’environnement, le P. Bertrand Cherrier nous a rappelé le lien à faire entre les deux, comme nous invite l’encyclique Laudato si :
« Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » (49).
L’un des défis pour l’Église est d’articuler sa tradition du souci du pauvre avec le soin de la planète.
Car si nous ne respectons pas la nature, nous ne respecterons pas les plus fragiles d’entre nous (et vice versa).
Nous devons renouer avec cette terre qui peut s’émouvoir, en passant d’une relation « à Dieu à l’autre et à moi » à « une relation Dieu, l’autre, moi, et la terre ».
Face aux menaces actuelles, dans un contexte de « fin du monde », le message eschatologique de l’Église entre en résonance avec l’actualité et doit se faire entendre dans sa prédication.
Dans un monde sécularisé où la création a été vidée de tout sens, la conversion écologique est aussi une affaire personnelle et spirituelle. « Plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer » (204). Ainsi, la spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété et une capacité de jouir avec peu. Étonnamment, le chrétien doit être convaincu que la sobriété est le chemin du bonheur.
Le Pape nous propose ainsi une écologie qui place l’homme, et plus particulièrement le pauvre, au centre du projet, qui met en avant la notion de bien commun pour « sauvegarder la maison commune » dans un monde où « tout est lié ».
Dans un second temps, le P. Bertrand nous a partagé son expérience à la paroisse St Gabriel dont il a été curé de 2014 à 2020. À la suite de la publication de Laudato si, un groupe de paroissiens est venu le voir pour échanger sur ce document. C’est de là qu’est partie la démarche de labélisation « Église verte » de la paroisse.
L’une des spécificités de Saint-Gabriel est que cette démarche n’est pas l’œuvre d’un groupe spécifique mais qu’elle est transverse à tous les mouvements de l’éveil à la foi jusqu’aux chrétiens retraités et autres conseil économique et groupe d’animation liturgique. Ainsi, chaque année, une session du conseil paroissial et du conseil économique est entièrement consacrée à la conversion écologique.
Les actions menées furent nombreuses et diverses et n’ont pas pu être détaillées lors de la conférence, faute de temps. Parmi celles-ci, on peut citer le compost dans la cour de l’église St Gabriel, des actions de nettoyage du quartier avec les enfants du catéchisme, le changement d’éclairage pour l’église et l’organisation d’une journée annuelle de la Création. La pédagogie de ces actions était de prendre le temps de les développer sans précipitation car l’enjeu n’était pas l’efficacité mais la fécondité de celles-ci.
Dans une Église trop souvent réticente vis-à-vis de l’écologie, par crainte de diviser les communautés, saurons-nous nous engager dans une démarche de conversion écologique comme nous y invite le dernier synode diocésain ?
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le site Internet Église verte et notamment son « Eco-diagnostic » :
https://www.egliseverte.org/eco-diagnostic/
L’équipe du CCFD-Terre solidaire du secteur